BRUXELLES 2030
Devenir la Capitale européenne de la Culture en 2030, puis le rester : avec le plus de Bruxellois.es possible, nous voulons poursuivre sur cette voie au cours de la prochaine décennie. Mais notre rêve va plus loin : nous voulons que cet imaginaire devienne réalité, au-delà de la fragmentation institutionnelle et culturelle de notre ville. Nous espérons transformer davantage Bruxelles, avec les artistes, les penseurs et la culture comme moteur, mais pas seulement. Si nous faisons de l’expérimentation artistique, de la super-diversité culturelle et du riche multilinguisme des atouts partagés par les jeunes et les moins jeunes, Bruxelles sera mieux à même de relever les grands défis urbains et planétaires de demain. C’est ainsi que nous voulons devenir une capitale pour tous les Européen.nes : un laboratoire pour la coexistence interculturelle et multilingue, mais aussi pour les révolutions écologiques, démocratiques, sociales et décoloniales qui nous attendent.
POST-CORONA
La pandémie de Covid-19 a frappé en plein cœur nos grandes villes, et Bruxelles en particulier. Nous devrons vivre avec lui à long terme, et certainement avec ses conséquences. Naturellement, les artistes et les maisons de la culture sont devenus vulnérables sur tous les fronts. Comment pouvons-nous continuer à créer et à contribuer à la société lorsqu’il devient très difficile, voire impossible, de rencontrer les publics et les acteurs et de les impliquer dans nos pratiques ? Mais nous ne sommes certainement pas les seuls pour qui les temps sont durs : de nombreux secteurs sociaux, des générations de Bruxellois.es et des quartiers entiers de Bruxelles ont été durement touchés. Brussels 2030 veut s’inscrire dans une relance ou reconstruction à long terme avec et pour les personnes, groupes et lieux qui ont été affectés. Il ne s’agit pas seulement de revenir aussi vite que possible à la normale. Malgré tout, nous essayons de voir cette crise comme une invitation à poser des questions et à formuler des alternatives. Tant dans nos façons parfois bien ancrées de créer et de partager l’art et la culture, et plus largement, dans la manière dont nous construisons les villes ensemble.
Et pour ça, il faut du temps. Nous ne sommes pas intéressés par un grand événement en 2030, même si nous voulons bien sûr faire la fête en 2030. Nous voulons d’abord mobiliser les Bruxellois.es, et construire des synergies autour d’un horizon culturel et urbain commun. L’objectif est effectivement de remporter le titre de Capitale européenne de la Culture en 2024, et nous sommes convaincus que ce sera le cas, mais il n’y a pas de temps à perdre et nous ne pouvons pas nous enfermer dans une salle de réunion pendant les prochaines années.
DEVENIR CE QUE NOUS SOMMES DÉJÀ
Nous démarrons bien sûr par les énormes atouts de Bruxelles : son énergie artistique toujours aussi exceptionnelle et sa super-diversité culturelle.
Bruxelles est déjà un centre européen de premier plan sur le plan artistique, mais des objectifs communs à long terme et un rôle clair dans le parcours urbain de Bruxelles peuvent nous renforcer. Bruxelles 2000 a construit de nombreux ponts, dont certains sont encore intacts, entre les artistes, les institutions et les communautés. Mais ils nécessitent un entretien constant. De nouveaux ponts sont également nécessaires. Les questions critiques peuvent aider. Quelles conclusions devons-nous tirer de la pandémie pour notre travail ? Devons-nous explorer de nouvelles périodes, de nouveaux lieux et de nouveaux espaces ? Après la pandémie, pouvons-nous nous lancer dans la recherche de réponses aux énormes besoins sociaux de nos nombreux spectateurs et participants ? Et donc devenir encore plus indispensable ? Comment pouvons-nous continuer à nous décentraliser de nos propres lieux et centres et travailler avec les Bruxellois.es qui, à tort ou à raison, pensent qu’ils n’ont pas besoin de nous ? Quelle doit être la place de l’espace public bruxellois pour nos pratiques culturelles et dans notre projet urbain ? Comment faire en sorte que de nombreux fossés n’apparaissent pas encore et encore, entre néerlandophones, francophones et allophones, entre le secteur artistique et le secteur socioculturel, entre les grandes maisons et les nouvelles initiatives cruciales ? Comment arriver enfin à une cartographie de ce qui se passe déjà à Bruxelles sur le plan culturel ? Pourquoi seule une partie du plan culturel 2009 a été réalisée, et à quoi devrait ressembler un nouveau plan culturel pour la prochaine décennie ?
Nous devons également passer à l’étape suivante sur le plan culturel. Bruxelles a cessé depuis longtemps d’être une ville de deux communautés, de francophones et de néerlandophones. C’est une ville super-diversifiée, la plus diversifiée d’Europe, la deuxième plus diversifiée du monde après Dubaï. À Bruxelles, des gens de toute l’Europe, de tous les continents, vivent côte à côte. Ils n’ont pas souvent l’occasion de s’impliquer culturellement et politiquement dans notre ville. Ou bien ils n’en font pas usage. Brussels 2030 doit offrir un sentiment d’appartenance partagé. L’extrême multilinguisme de Bruxelles est également un atout dont nous ne faisons pas grand-chose. La division politique bicommunautaire ne reflète pas notre réalité, pas plus que la division culturelle institutionnelle qui en découle. Brussels 2030, soutenu par la Région de Bruxelles-Capitale et lié à l’Europe, est une excellente occasion d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux modèles. N’est-il pas grand temps d’aboutir à une véritable politique culturelle bruxelloise qui ait l’Europe comme cadre et horizon ?
UN PROJET URBAIN
Les atouts artistiques et culturels de Bruxelles doivent devenir le moteur d’un projet urbain à part entière, ce que Bruxelles n’a jamais vraiment eu. Bruxelles 2000 n’a pas été en mesure d’offrir cela non plus. Sans ce projet urbain, les atouts de Bruxelles ne pourront jamais vraiment s’exprimer. Sans ce projet urbain, il sera très difficile d’apporter des réponses solides aux grandes questions et aux défis de notre époque, dans lesquels la culture doit jouer un rôle essentiel. Qu’il s’agisse des transitions dans le domaine du climat, de la démocratie, de l’égalité et de la solidarité, ou d’une ville véritablement décolonisée, les dix prochaines années seront cruciales. Brussels 2030 peut-elle devenir la première Capitale européenne de la Culture neutre sur le plan climatique ? Comment intégrer les nouvelles dynamiques de participation et d’inclusion civiques ? Comment faire face aux inégalités de plus en plus criantes à Bruxelles ? Comment Brussels 2030 devient-il aussi le projet de tous les Bruxellois.es qui viennent d’ailleurs et apportent des univers précieux dans notre ville ? Les artistes et les acteurs culturels ne réaliseront aucune de ces transitions et trajectoires par eux-mêmes. Mais ils ne réussiront jamais sans nous. 2030 est une année cruciale vers un monde neutre sur le plan climatique et pour les objectifs de développement durable de l’ONU. Bruxelles et son secteur culturel ne doivent pas passer à côté de ces accords.
LES JEUNES
Il n’y a aucun doute quant aux personnes qui doivent se trouver au cœur de notre parcours : les jeunes de moins de 30 ans d’aujourd’hui devront contribuer à façonner et à porter Brussels 2030. Nous les écouterons, les impliquerons et leur donnerons une place structurelle dans le développement du projet. Dans l’équipe opérationnelle, dans le conseil d’administration, dans la chambre de réflexion. Ils seront également au centre d’un processus de participation pluriannuel qui débutera en septembre 2022 et aboutira à une « Charte pour un avenir possible de Bruxelles » (voir ci-dessous).
TROIS QUESTIONS CLÉS
Concrètement, au premier semestre 2022, nos discussions porteront sur trois grandes questions pour Bruxelles et les Bruxellois.es, dans lesquelles s’articule le projet urbain. Une série de tables rondes donnera aux Bruxellois.es de différents secteurs l’occasion de faire des propositions à cet égard. Toutes les tables rondes seront transversales, les artistes et les acteurs culturels occupant toujours une place importante.
- Comment pouvons-nous construire et façonner Bruxelles au cours des prochaines années ?
Quels sont les besoins en termes de bâtiments et d’infrastructures existants et nouveaux, et plus encore en termes d’espace public ? Comment se situe-t-on par rapport au plan de développement régional et à ses centres, quartiers et pôles thématiques du point de vue de la culture ? Comment parvenons-nous à cette cartographie culturelle de Bruxelles dont nous avons tant besoin ? Les architectes et les urbanistes, mais aussi, bien sûr, le Maître architecte bruxellois, et les administrations telles que Perspective.brussels et Visit.brussels auront une voix importante dans cette conversation. - Comment rêver, imaginer et raconter ensemble Bruxelles à l’horizon 2030, à partir de sa super-diversité et de sa fragmentation ?
Quelles histoires collectives, quelles pratiques sont nécessaires pour incarner l’identité bruxelloise de plus en plus prononcée, afin qu’elle puisse enthousiasmer ? Comment allons-nous jouer un rôle beaucoup plus fondamental dans l’occupation culturelle de l’espace public ? Cet espace public peut-il devenir un centre culturel pour toute la ville ? Dans cette conversation, les artistes, les acteurs culturels, mais aussi l’enseignement culturel, les universités et les différents médias joueront un rôle clé. - Comment démocratiser Bruxelles d’ici à 2030, en pensant et en agissant ensemble ?
Comment transformer le projet urbain en un projet co-productif ? Comment inclure la participation de la jeunesse bruxelloise et du Tout-Bruxelles dès 2022 dans notre parcours et notre méthodologie, afin que Brussels 2030 devienne un projet inclusif, porté par les habitants de la ville, et non principalement par ses institutions culturelles et politiques ? Le Parlement bruxellois sera un partenaire dans ce processus. Mais d’abord, à partir de septembre 2022, en collaboration avec des partenaires de la société civile (G1000, etc.), nous lancerons un processus participatif dans lequel les jeunes de moins de 30 ans seront au centre, et qui aboutira à une « Charte pour un avenir possible de Bruxelles ».
LA BELGIQUE ET L’EUROPE
Brussels 2030 part de la force de Bruxelles, mais ne s’en détache pas. En 2030, la Belgique fêtera son 200e anniversaire, et nous en tenons bien sûr compte. Les atouts entre autres culturels, universitaires de Bruxelles offrent la possibilité de développer des partenariats avec de nombreux interlocuteurs de la zone métropolitaine autour de Bruxelles, des Brabants flamand et wallon, et des autres régions. En outre, il existe bien entendu des liens historiques qui peuvent être explorés et thématisés (par exemple, comment nous situons-nous par rapport à l’héritage de l’Expo 58 ?) Enfin, les grandes transitions qui s’annoncent offrent également des points de départ pour une coopération avec d’autres villes, dans le cadre d’une future Belgique des régions puissantes et solidaires.
En 2030, Bruxelles veut enfin devenir ce qu’elle aurait dû être depuis longtemps : non seulement un centre politico-administratif, mais aussi une véritable capitale culturelle pour 500 millions d’Européen.nes. Depuis Bruxelles, nous voulons élaborer des propositions de coexistence avec et pour tous les Européen.nes. Pour cela, il faudra réussir, comme nous n’y sommes pas totalement parvenus lors de Bruxelles 2000, à mobiliser à Bruxelles tous les Européen.nes qui y vivent souvent depuis longtemps, mais qui ne se sentent pas suffisamment impliqués et ne s’engagent donc pas. Outre les acteurs bruxellois, ces citoyens peuvent aussi être d’excellents agents de liaison pour établir des échanges structurels entre Bruxelles et tous les Européen.nes hors de la capitale européenne.
Nous avons donc besoin d’une “européanité”. Que signifie réfléchir avec tous les Européen.nes à ce qui nous relie et peut nous relier à l’avenir, plutôt que de toujours parler des différences ? Quelles histoires, quelles formes et quels partenariats sont nécessaires à cet effet ? Dans le développement de cette « européanité », les artistes et les acteurs culturels pourront également jouer un rôle clé.
Une fois que nous devenons Capitale européenne de la Culture, nous voulons le rester. Le véritable défi de Brussels 2030 se présentera donc en 2040 : que restera-t-il des résultats obtenus à ce moment-là ?
LES TABLES DE TRAVAIL
Le trajet vers Bruxelles 2030 ne doit pas rester un parcours abstrait de réunions et de dossiers. Tant pour la mobilisation des Bruxellois.es que pour l’émergence organique des bonnes méthodes, il est important de développer rapidement les premières activités. Sous les devises « The Future is A Practice » et « Learning by doing », nous envisageons les étés 2022, 2023 et 2024. Étape par étape, nous voulons les doter de pratiques qui rendent la vision de Brussels 2030 concrète et visible.
Au cours de l’été 2022, les ingrédients suivants feront partie de ce processus : une « Assemblée d’été Brussels 2030 » avec l’ULB et la VUB début juillet, au cours de laquelle les thèmes majeurs de Brussels 2030 seront partagés et abordés pour la première fois. Elle comprendra également une série de projets culturels co-soutenus par Brussels 2030 en juillet et août, émanant de partenaires non subventionnés par la structure et répondant à des critères importants (espace public, inclusif, socialement transversal) ; et quelques premiers grands gestes de communication sur Brussels 2030 au début de la nouvelle saison culturelle (en septembre), qui sera aussi synonyme de rentrée pour de nombreux étudiants, usagers, navetteurs et visiteurs qui reviennent en ville.
FEUILLE DE ROUTE
Sur le plan méthodologique, nous entamons notre troisième chapitre. Au printemps 2021, nous avons mis en place l’infrastructure opérationnelle de Brussels 2030 : création d’une asbl, conseil d’administration, petite équipe, bureaux, convention avec la Région, premières réunions avec notre chambre de réflexion.
À l’automne 2021, nous avons entamé un vaste circuit d’information qui est toujours en cours : le secteur culturel, les partenaires politiques, les administrations, et les partenaires cruciaux de la société civile ont tous été informés du grand cadre et des grandes lignes du projet. Au cours des six prochains mois, ce cycle d’information se poursuivra, en vue de la constitution des premières coalitions. Naturellement, les partenaires socio-économiques et le secteur du tourisme seront également informés et impliqués dans nos plans.
Mais nous allons aussi un peu plus loin. Nous canalisons les discussions autour des trois questions clés : territorialisation, imagination et démocratisation. Nous sommes également en train de mettre en place les activités d’été et nous finaliserons le premier rapport pour le gouvernement régional d’ici juin. À cette même période, nous ferons également notre première apparition publique. L’objectif est qu’après l’été, nos principales idées et approches soient soutenues par un public plus large.
On dit parfois que nous commençons tôt. C’est le contraire qui est vrai. La décision concernant le choix de la Capitale européenne de la Culture 2030 sera prise en 2026 au plus tard, mais probablement avant. Le projet élaboré ‘Brussels 2030’ doit être sur la table en 2024 et soumis aux autorités européennes. Au moment du dépôt du dossier en 2024, Brussels 2030 devrait être une dynamique vivante pour de nombreux Bruxellois.es. Bref, « The Time is Now ».
Le gouvernement régional bruxellois a d’abord lancé son intention d’être candidat à la Capitale européenne de la Culture 2030 après les attaques terroristes de Bruxelles en mars 2016. Il s’agit d’un geste extrêmement puissant et symbolique qu’il ne faut pas sous-estimer : à un moment où Bruxelles était plongée dans un deuil profond et menaçait d’être déchirée par des conflits identitaires, les décideurs bruxellois ont fait le choix d’un geste culturel à long terme, large et contraignant. Depuis lors, malgré la pandémie de Covid-19, des mesures importantes ont été prises. Ce qui était une intention en 2016 a été inclus dans le nouvel accord de coalition en 2018. En février 2020, Bruxelles est devenue la première ville belge à rendre sa candidature concrète et officielle, avec la désignation de deux titulaires de mandats. Entre-temps, avec une équipe centrale dynamique, une chambre de réflexion et un conseil d’administration très engagés, nous avons élaboré cette vision et cette méthodologie en constante évolution. Sa base et son horizon restent les mêmes qu’en mars 2016 : unir enfin une ville fragmentée, mais potentiellement fantastique, autour d’un projet d’avenir indispensable et enthousiasmant.
NOTRE ÉQUIPE
Nous travaillons avec une petite équipe opérationnelle : le projet a été lancé par les chargés de mission Hadja Lahbib (jusqu’en juillet 2022) et Jan Goossens et trois membres de l’équipe, Maya Galle, Laura Loute et Astrid Begenyeza. En janvier 2023, Fatima Zibouh a rejoint l’équipe en tant que nouvelle co-chargée de mission.
Danny Opdebeeck, Francoise Tulkens, Eric Corijn et Asma Mettioui forment notre conseil d’administration.
Nous serons guidés par une équipe de réflexion composée de 21 membres aux profils très différents: Sigrid Bousset, Ibrahim Ouassari, David Van Reybrouck, Loredana Marchi, Olivier Alsteens, Joanna Maycock, Louma Salamé, François Schuiten, Eric Corijn, Séverine Provost, Bernard Foccroulle, David Murgia, Gregory Laurent, Joachim Declerck, Sammy Baloji, Fatima Zibouh, Marie Umuhoza, Nadia Hadad, Michel Steyaert et Karlien Vanhoonacker. Ils se réuniront une fois tous les deux mois et seront également disponibles pour des missions temporaires.
Nous serons également guidés par une série d’experts dans le domaine juridique, administratif, financier et communicatif.
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